2.4.12

Reedição - a navel with a view

Por vezes sento-me na cidade e vejo-a passar por mim: a rua das Portas de Sto. Antão, com os vendedores de relógios e almanaques Borda d'Água, o Cais do Sodré e o relógio "invertido" do British Bar, as senhoras chiques da av. de Roma onde tão raramente vou, a vista sempre diferente do Miradouro de S. Pedro de Alcântara, o Princípe Real, provavelmente o bairro mais eclético de Lisboa. Passam por mim de fugida, como se eu não os reconhecesse ao primeiro esgar, como se pensassem que je ne suis pas d'ici, comme si j'étais d'ailleurs, comme si j'étais ailleurs.

Si un jour j'écrivais un livre sur Lisbonne je le ferais d'un point de vue caché, comme une caméra invisible, un nombril en mal d'amour, a wandering loner. Ca serait un livre avec de la musique, un livre sonore: les Vêpres de Rachmaninov en ouverture, les Carmina Burana en dessert et entre les deux un silence de merde, je crois, ou alors le bruit des pas de tous ces gens qui me rentrent par le nombril et se répandent en moi comme nous dans l'air du printemps de Baudoin.

Et dans ce livre je parlerais de la sensualité de la ville et je le dirai en plusieurs langues et plusieurs regards, universels comme les Vêpres, ou comme les Madrigaux de Gesualdo ou Marenzio, car Lisbonne est une ville qui se dissout dans l'humain*. Ou ao contrário, não sei: uma cidade na qual tudo o que é humano se dissolve, uma cidade que é tudo para todos, como uma puta da alta sociedade, que é simultaneamente puta e selecta, ou uma marquesa sem dinheiro, marquesa e tesa. Lisboa desfila à minha frente e se eu abrisse os olhos vê-la-ia, vivê-la-ia.

"Il y a dans certaines rues de cette ancienne capitale impériale des moments quasi magiques, des îlots d'un silence soudain, des lieux qui me transportent hors du temps, dans un monde vaguement en dehors des axes. Je ne connais pas d'autre ville où, sur si peu de mètres carrés, le réel et l'irréel, le vulgaire et le picaresque, le délirant et le ridicule, le beau et le monstrueux dans toute sa splendeur, ou le banal dans toute son horreur, se mélangent ainsi à chaque pas donné. Rien d'humain n'est étranger à Lisbonne, et elle n'a pas honte de le montrer."

(Almeida Faria, in "Les Européens", ed. Autrement)

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