22.9.15

Diário de Bordos - Copenhaga, Dinamarca, 22-09-2015

Posts da viagem, na desordem e incompletos, por enquanto.

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Dias tensos, contrastados. Eufóricos e esmagadores, tudo parece levitar de um lado quando do outro o porta-aviões prepara-se para ir ao fundo.

Já aqui estive e nunca aqui estive. Ninguém esteve, apesar de ser a dor mais universal do mundo.

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Ninguém vai para o norte da Europa em Setembro e espera encontrar bom tempo. Se se engana tanto melhor. Se não, encolhe os ombros e aprecia o que a viagem tem de bom: a tripulação, a novidade é - deixo de propósito para o fim - o barco. Um Hero 107, coisa de que nunca até aqui ouvira sequer falar. O que prova que não sou nórdico. Este modelo teve bastante sucesso na Noruega, de onde é. Rápido, sensível, com uma passagem na vaga que parece uma faca a cortar manteiga no Verão.

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O plano original era atravessar a Holanda toda pelos canais. Mas a informação que tinha não era boa e tivemos de sair mais cedo. Confesso que não me importo por aí além. Por muito bonito que seja, o tédio é tédio.

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O canal de Kiel tem noventa e oito quilómetros e meio, todos eles bastante bonitos. Infelizmente, os últimos sessenta são uma seca.

Com a excepção da "marina" de Giesenau, claro: dois pontões na margem de pequeno canal lateral, no meio de rigorosamente nada. A calma é absoluta, o silêncio total. Quase tenho pena de T., que salta do barco para procurar um restaurante.

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Ainda Portugal não era nascido e já os chineses viajavam havia séculos. Os amarelos percebem de viagens. É por isso que dizem que metade de uma viagem de cem li não são cinquenta li. São noventa. Os romanos também percebiam de viagens e se calhar é por isso que a inicial é V. Ao princípio é tudo bom e a descer. Depois começa a subida.

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É raro entender-me com armadores. Aliás: é raro entender-me com quem quer que seja que me queira dar ordens e a quem não reconheço capacidade para tal (por capacidade quero dizer conhecimento técnico do assunto). Não que seja uma prima dona, como fui uma vez acusado - não sem uma pontinha de razão, é preciso reconhecer -. Mas porque (como, de resto qualquer marinheiro) a única hierarquia que aceito é a do saber. Nomes, linhagens, fortunas ou feitos são-me total - e lamentavelmente, por vezes - indiferentes.

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Je fais le convoyage avec un équipier qui est l'incarnation du gendre idéal et l'armateur, un hippie norvégien de mon âge que l'on dirait sorti directement de la conjuration des imbéciles. Pas intelectuellement. Mais tout le reste. Il n'est pas fumeur : il est une machine à fumer des cigarettes. Avant le petit dej il en est à sa dixième clope, au moins. Le reste est à l'avenant. Sa diète consiste en un mélange indescriptible de saloperies - ce qui d'ailleurs semble être une condition sine qu'à non pour l'intégrer : Snickers, Coca Zero (il faut que ce soit zero), cacahuètes frites au miel, bonbonneries diverses, etc. Je ne puis le laisser seul dans le cockpit : il est là, debout (il a été marin, il y a longtemps ) et regarde. Mais l'on dirait que la connexion entre ses yeux et son cerveau est coupée. Il regarde mais ne voit pas et par conséquence ne réagit pas. Il faut border une voile, corriger le cap, loffer, abattre, enfin faire quoi que ce soit? Notre statue, notre monument au marin de quart, notre contemplatifo - mystico - attentivo n'est pas là. S'il voit une lumière il crie "lumière"; de même s'il voit une bouée : "bouée!". Mais c'est tout. Bon, pas tout. Le temps de crier "bouée" il a fumé deux clopes et avalé une plaquette de chocolat Milka. Là oui, c'est tout. Il ne lui passe pas par la tête voire ce que fait la lumière (la dernière fois c'était un bateau qui croisait notre cap perpendiculairement à au moins trois milles) ni de descendre au plotter voir quelle est la bouée et pourquoi est-elle là (dernière car ce fut la dernière fois que je l'ai laissé seul de quart. S'il faut me faire réveiller par des conneries autant être déjà réveillé).

Le bateau (un superbe, sublime mono de 10,7 m qui est une simple merveille d'efficacité et beauté) fait penser à un cendrier flottant. Point de hyperbole: mes cendriers au Marchand étaient plus propres.

Notre Ignatius à nous se plaint - c'est d'ailleurs sa seule plainte - de ne pas trouver de femme. C'est effectivement étonnant. Il n'est pas riche mais a du fric; il est sympa et du moins superficiellement généreux; il s'habille avec des T-shirts Frank Zappa (son musicien favori, ce qui démontre qu' il a du goût) ou autres musiciens - pour autant que les t-shirts soient criardes, comme les bombons. Il est gros, porte les cheveux - quasi blancs - longs et attachés en queue de cheval; et pourtant n'arrive pas à attirer une femme. Mon âme se remplit à la fois de compassion (pour lui ) et de compréhension (pour les femmes en général ).

Je l'aime bien. Il est un peu un phénomène, un petit phénomène pour ainsi dire. Il contemple la mer, il fume et il me fait penser à cet insondable gouffre qui est l'homme.

Enfin. En mer, à quelques heures de laisser les Pays Bas et entrer en eaux allemandes. Derrière moi une averse gigantesque essaie de me rattraper. Elle y parviendra, j'imagine: on peut compter par les doigts d'une main les averses qui m'ont raté. Mais pour l'instant je suis reconnaissant à celle - ci. L'ensemble du soleil brillant et clair sur le bord du nuage gris et menaçant, la pluie qui se devise sous les deux - soleil et nuage - font un contraste saisissant.

Et un merveilleux complément aux gouffres de l'humain.

PS - l'averse m'a loupé. J'ai "resquillé la chance et j'ai gagné". (Ai-je entendu ou lu cette expression ou viens-je de l'inventer? Je ne sais pas. Toujours est-il que je l'aime bien. Voyageur clandestin du hazard j'ai eu de la chance. )


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Les opinions politiques de mon Ignatius à moi sont cohérentes avec le reste. Les américains sont méchants, les capitalistes, si on leur donne une cour de récréation
(sic) libre ne songent qu'à nous faire leurs esclaves; et, sommet de l'horreur: l'actuel gouvernement de Norvège pense que ceux qui ne travaillent pas sont des fils de pute paresseux et du coup oblige les gens à habiter des villes où ils ne veulent pas vivre rien que pour trouver du travail.

Une violence.

Ignatius - pardon, T. - a aussi des points de vue très intéressants sur le 11 septembre, mais malheureusement mon cerveau a une capacité très limitée de recevoir de l'information et a décroché.

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